Né en 1765

Jean MONOD naquit à Ambilly, Suisse, le 5 septembre 1765. Il était le dernier d’une lignée de MONOD, dont les origines se perdent en pays de Gex vers la fin du XVIème siècle. Son père, Gaspard-Joël, était pasteur.

Jean était vigoureux, sain de corps et d’esprit, de taille moyenne. L’expression de son visage révélait l’intelligence et la bonté. il se montra d’emblée aussi intelligent que studieux, et ne tarda pas à être au premier rang dans ses études classiques, comme à la Faculté de théologie à Genève. Il avait une voix admirable, une élocution parfaite. Les auteurs classiques grecs et latins lui étaient familiers. Il fut brillamment consacré au saint ministère le 10 mars 1787.

Trois ans plus tard, en 1790, il fut amené à faire le voyage qui devait décider de son avenir. Chargé de conduire à Saint Pétersbourg sa cousine, nommée gouvernante d’une des filles du Tsar Alexandre Ier, il profita du voyage de retour pour visiter Stochkolm, puis Copenhague. C’est, son ami, le pasteur de l’Eglise réformée française de cette dernière ville, Mr MOURIER, qui avait ses entrées partout, qui la lui fit visiter. Un jour, surpris par une violente averse au cours d’une promenade, afin d’emprunter un parapluie, ils se réfugièrent chez Frédéric de CONINCK, riche armateur hollandais. Ils y furent si bien reçu que Jean séjourna plusieurs mois à Copenhague. Lorsqu’il quitta cette ville, au printemps 1791, son souvenir resta gravé dans bien des coeurs… et sur une vitre de la maison de Coninck, par les soins de Louise-Philippine, charmante jeune fille alors dans se seizieme année, qui y avait inscrit avec un diamant, en présence de Jean : ” je reviendrai. “

Il fallait un encouragement aussi significatif pour qu’un jeune pasteur sans fortune put briguer la main de la jeune fille d’un des premiers négociants de l’Europe, à cette époque. Il revint fin novembre 1792, et deux mois plus tard, le 18 janvier 1793, il épousait, à Copenhague, Louise-Phillipine de Coninck, tout juste âgée de 17 ans.

Jean se transporta avec sa femme en Suisse, en juillet 1793, appelé par l’Eglise de Morges. C’est dans cette ville que naquit leur premier enfant, Frédéric, le 17 mai 1794. Mais dès le mois d’octobre de cette même année, le couple retournait à Copenhague, où Jean était appelé au poste de pasteur de l’Eglise réformée française de cette ville.

Jean et Louise demeurèrent à Copenhague de 1794 à 1808. Ce furent d’heureuses et paisibles années pendant lesquelles naquirent 8 enfants.

En 1807, les Anglais, après avoir bombardé Copenhague, s’emparaient de toute la flotte danoise et bien entendu, des vaisseaux appartenant à Frédéric de Coninck. Celui-ci, découragé, se retira des affaires et tomba malade. La situation de Jean, par la suite de ces revers, fut considérablement modifiée, aussi crut-il devoir accepter, en 1808, le poste de Pasteur que lui proposait l’Eglise réformée de Paris.

Le voyage de cette famille, qui comptait déjà 8 enfants dont l’ainée avait 14 ans, dura un mois et fut une véritable odyssée dont vous retrouverez la narration détaillée dans “Souvenirs d’une belle journée “

A Paris, Jean installa successivement les siens, tout d’abord, de 1808 à 1811, dans un hôtel de la rue Pigalle où naquirent Marie, et Edmond, mort quelques mois après sa naissance; puis, de 1811 à 1820, 14, rue d’Hauteville, où naquirent les trois derniers des douze : Horace, Elisa et Elisabeth, (dite Betsy); puis, de 1820 à 1829, 21 rue de La Tour d’Auvergne, dans un ancien rendez-vous de chasse de Louis XV; enfin, de 1829 à 1843, 40 Faubourg-Saint-Martin, où mourut Jean en 1836.

Toutes ces demeures étaient vastes, et cela était nécessaire, car, pour subvenir aux frais de l’éducation de leur nombreuse famille, Jean et Louise étaient obligés de prendre des pensionnaires. C’est ainsi que défilèrent successivement chez eux les Hottinguer, les Gros, les Schlumberger, les Vernes, les Dellessert, les Bouffé, les Grivel, les Babut, et que se créèrent des relations et de chaudes amitiés qui ont eu une grande influence sur le développement et la prospérité de la famille.

Jean MONOD pris rapidement une place prépondérante dans l’Eglise de Paris, et ne tarda pas à justifier les espérances que celle-ci avait fondées sur lui. A son talent, qui avait fait de lui le premier prédicateur de France à cette époque, s’ajoutaient des connaissances aussi solides qu’étendues, l’amour du travail, l’exemple du chef d’une famille patriarcale, une remarquable tolérance, une scrupuleuse conscience professionnelle et une charité chrétienne sans limites. Ses sermons, médités et écrits très soigneusement étaient récités, grâce à sa prodigieuse mémoire, comme s’ils étaient improvisés. Ils sont actuellement déposés, au nombre de 51, à Genève, dans les archives de la ” Vénérable Compagnie “. Le premier porte la date de Copenhague, 16/1/1791, l’année de sa première visite aux de Coninck; le dernier fut prêché le 17/1/1936, trois mois avant sa mort survenue dans sa 71ème année et consécutive à la maladie de coeur qui le minait. Il garda jusqu’à la fin une entière lucidité d’esprit, et une totale confiance en Dieu. (Depuis 4 ans déjà, il était président du Consistoire).

Le vide que laissa cet homme de bien fut cruellement ressenti par tous ceux qui avaient eu le privilège de l’approcher et de le connaître. Tous continuèrent à le chérir, à le vénérer, et s’efforcèrent de suivre son exemple.